QU'EST CE QUE L'HYPNOSE ???
19/06/2015
Qu’est-ce que l’hypnose ?
Tous les spécialistes ont leur propre définition et aucune théorie ne fait autorité. Le phénomène hypnotique est si complexe que les praticiens disent volontiers qu’il y a, non pas une, mais plusieurs hypnoses. Seule certitude : ce n’est pas un état de sommeil, mais un état modifié de conscience (EMC), comme le rêve, la transe, la relaxation, les expériences mystiques, la méditation…
La « transe hypnotique » correspond à une modification de la vigilance normale – celle qui nous permet de raisonner et de vivre au quotidien. Mais elle a ses caractéristiques : dans un environnement monotone où rien ne se passe, où les stimuli sont peu intenses, notre cerveau est en « manque » d’informations. Il se met alors à en produire lui-même en puisant des images dans notre inconscient. En quelque sorte, on « rêve » tout en restant conscient. En outre, contrairement à l’état de vigilance normale, où l’attention embrasse de nombreux centres d’intérêt en même temps et passe rapidement de l’un à l’autre, elle est concentrée, en hypnose, sur un sujet beaucoup plus restreint. C’est ainsi que, peu à peu, la personne hypnotisée oublie la réalité extérieure pour entrer dans une réalité intérieure, mais qu’elle vivra comme extérieure.
Seule exception : la voix de l’hypnotiseur continue d’être entendue. Ses mots deviennent un stimulus très particulier qui augmente le pouvoir de la suggestion. Celle-ci provoque alors des changements psychologiques ou physiologiques inhabituels (disparition de douleurs aiguës ou d’un eczéma, etc.). Pourquoi ? Comment ? Cela est encore à ce jour un mystère…
A-t-elle été prouvée scientifiquement ?
Ses effets, oui. De nombreuses études ont montré qu’une suggestion hypnotique entraîne des réponses neuronales. Exemple, celle menée en 1997 par le Pr Stephen Kosslyn, du département de neurologie du Massachusetts General Hospital de Boston : il a présenté à un groupe de seize personnes une palette de couleurs échelonnées et une palette de dégradés de gris. Les réactions de leur cerveau étaient enregistrées par un tomographe à émission de positrons. Lorsque, sous hypnose, on demandait à chacune de ces personnes de « voir » en couleurs la palette de gris, c’était l’aire occipito-pariétale, l’une des zones de reconnaissance des couleurs, qui était activée : le cerveau avait donc réagi comme s’il voyait de la couleur à la place du gris, ce que demandait la suggestion.
Quelles sont les différentes techniques d’hypnose ?
On distingue quatre catégories.
Traditionnelle : L’hypnotiseur joue un rôle de premier plan – c’est lui qui dirige la séance. Il prononce des suggestions « directes » (appelées « injonctions »), tandis que le patient reste passif.
Semi-traditionnelle : L’hypnotiseur, toujours au premier plan, émet à la fois des suggestions « directes » et « indirectes ».
Nouvelle : L’accent est mis sur la personne et sur sa relation avec son thérapeute, par des échanges, une communication.
Ericksonienne : Le patient participe à sa mise en condition hypnotique. Le thérapeute utilise des métaphores pour que l’inconscient du sujet choisisse lui-même les solutions de ses problèmes.
Tout le monde est-il hypnotisable ?
Selon l’échelle de « suggestibilité hypnotique » mise au point par l’université de Stamford, 5 % d’entre nous sont réfractaires à l’hypnose et 10 % seulement parviennent à entrer rapidement en état d’hypnose profonde. Mais on ignore toujours pourquoi : il n’y a, à ce jour, aucune corrélation démontrée entre la structure de la personnalité et la suggestibilité.
Quels sont ses effets thérapeutiques ?
En France, plus d’un millier de praticiens ont recours à l’hypnose. Dans certains cas, elle constitue le traitement lui-même, dans d’autres, elle facilite l’action du médecin.
Ça marche pour…
- L’arrêt du tabac : 80 % de taux de réussite. L’hypnose aide aussi à lutter contre les effets du sevrage
- L’excès de poids et la boulimie : elle exerce un bon rôle de soutien psychologique dans les cures d’amaigrissement.
- Lutte contre la douleur : elle ne remplace pas l’anesthésie, mais peut la compléter et permettre de diminuer les doses de médicaments. Elle est aussi de plus en plus utilisée en chirurgie dentaire.
- Les troubles psychologiques : stress, phobies, névroses, anxiété, mais aussi impuissance, frigidité, problèmes de trac, de mémoire, etc.
- Les troubles digestifs : ulcères, colites ou diarrhées dus au stress.
- Les maladies psychosomatiques : maladies de la peau (eczéma, psoriasis, etc.), spasmophilie, rhinites à répétition, troubles de la voix et du chant, asthme.
Ça ne marche pas pour…
- La plupart des troubles psychiatriques graves, comme les dépressions aiguës, la schizophrénie.
- Le sevrage des drogues dures.
- Les maladies chroniques graves, telles que le cancer.
Le thérapeute influence-t-il inconsciemment le patient ?
En état hypnotique, on peut se souvenir d’authentiques événements oubliés, voire «refoulés». On peut aussi, en hypnose profonde, voir apparaître des fantasmes comme s’il s’agissait d’événements réels : leur véracité est telle qu’on ne peut les distinguer de vrais souvenirs, car notre cerveau a la possibilité de modifier ou de reconstruire un événement.
Il n’y a donc, à ce jour, aucune réponse définitive ni sur la réalité des souvenirs d’abus sexuels, de «vies antérieures», ou d’enlèvements extraterrestres découverts sous hypnose profonde, ni sur l’influence de l’hypnotiseur par un phénomène de transmission d’inconscient à inconscient, voire télépathique…
Peut-il se produire des accidents ?
Non. On se « réveille » toujours, quoi qu’il arrive. D’abord parce qu’on ne dort pas ! Ensuite parce que, si aucune suggestion ne l’entretient, le fonctionnement hypnotique se dissipe de lui-même. Quant à la prétendue influence négative de certains hypnotiseurs, entretenue par le cinéma, elle relève de la légende : aucun hypnotiseur ne peut vous forcer à faire quelque chose qui va à l’encontre de vos valeurs morales. L’hypnose n’est pas un lavage de cerveau ! On ne révèle pas ses secrets les plus intimes si on ne le désire pas… Toutefois, pour éviter les charlatans, adressez-vous à l’une des associations reconnues officiellement pour choisir votre hypnothérapeute.
Maladies chroniques
L’hypnose peut-elle les soigner ?
« Certaines, oui. Les acouphènes, par exemple, des bourdonnements d’oreille contre lesquels la médecine reste impuissante. Grâce à l’hypnose, je parviens
à les effacer dans 60 % des cas, car une suggestion peut modifier l’activité des commandes neurobiologiques responsables du fonctionnement de nos organes. Si vous décidez, par exemple, en auto-hypnose, d’augmenter la circulation du sang dans votre pied gauche, les vaisseaux sanguins vont se vasodilater sous l’effet d’une “transduction” (une transmission de l’information aux cellules). L’hypnose permet, c’est certain, d’installer une passerelle entre le corps et l’esprit, et d’activer nos mécanismes d’autoguérison. »
Stress
Pourquoi l’hypnose est-elle aussi efficace ?
« La gestion du stress est l’une des applications les plus demandées, avec l’antitabac et l’amaigrissement. On le sait, le stress peut engendrer de l’anxiété, des insomnies, et parfois des états dépressifs accompagnés de troubles somatiques. L’hypnose est beaucoup plus efficace que d’autres techniques – comme la “relaxation simple” –, d’abord parce que son effet relaxant, renforcé par la voix et la présence rassurante de l’hypnothérapeute, diminue très rapidement l’impact des agents stressants, quelle qu’en soit l’origine. Ensuite parce qu’elle permet au patient en état hypnotique de lever lui-même ses inhibitions.
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