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BURNOUT SENTIMENTAL

02/05/2019

Le burn out amoureux : l’épuisement au cœur de la relation

La relation amoureuse est soumise à beaucoup de couleurs et d’émotions différentes jusqu’au Burnout. Si l’on parle plus souvent de cette forme d’épuisement dans le domaine professionnel, le psychologue canadien François Saint Père, brise les tabous de la fatigue amoureuse à travers son dernier livre « le Burnout amoureux » aux éditions de l’Homme. Docteur en psychologie, François Saint Père est  spécialiste de la thérapie de couple, médiateur familial, formateur et cofondateur de la Clinique de psychologie St-Lambert. Il nous confie des réflexions sur les différents épuisements qui peuvent entacher le couple de sa construction à sa reconstruction pour mieux appréhender les ennemis de son bonheur.

A partir de quand peut-on parler de Burn out amoureux ?

François Saint Père : A partir de l’instant où l’on est foncièrement malheureux dans la relation et sans être, en même temps, prêt à assumer la séparation. C’est un état d’ambivalence et de souffrance qui peut durer des jours, des semaines, des mois, mais rarement des années.

Généralement le couple se construit sur la passion.

Qu’est ce qui fait passer la passion au Burn out ?

François Saint Père : Il est vrai que l’immense majorité des gens vont vivre l’état fusionnel au début de la relation. Il ne s’agit pas de tous, il existe certaines cultures où les unions sont encore arrangées et d’autre vont plus s’unir sur la compatibilité des valeurs. L’état passionnel est un état que le corps ne pourrait pas supporter longtemps. La passion dure tout au plus un an et demi. C’est un chamboulement biochimique avec des créations de neurotransmetteur comme la dopamine, par exemple. Notre cerveau est programmé pour vivre ça. C’est lié à la survie de l’espèce, s’unir avec quelqu’un, avoir des relations sexuelles et faire des enfants pour ainsi contribuer à la croissance de la population (sourire). La passion est un état euphorique.

Cela revient à dire qu’une personne qui ne veut vivre que par passion sera incapable de créer un couple sur du long terme ?

François Saint père : Il existe effectivement une certaine proportion de gens qui ne vivent que pour cette euphorie-là, condamnée inévitablement à s’affaiblir avec le temps. On voit alors des personnes qui passent d’une relation à l’autre et qui, sur un parcours de vie de trente ans, auront connu beaucoup de relations. Mais la majorité des gens sont conscient que cet état-là ne dure pas.

Peut-on penser que le Burn out amoureux arrive aussi à partir du moment où l’on ne parvient pas à dépasser l’état passionnel ?

François Saint Père : Le Burn out amoureux c’est souvent une accumulation de déceptions et de négligences. A partir du moment où l’on dépasse le stade de l’emballement et que l’on redevient qui l’on est, on est confronté aux différences individuelles. Nous ne sommes alors plus la personne la plus importante pour notre partenaire et il y a une sorte de délaissement de la relation. On perçoit une augmentation des tensions, car il faut partager un même lieu. On peut voir cela souvent à la naissance du premier enfant. Le couple s’éloigne un peu pour surinvestir les enfants. Les femmes disent souvent être frustrées par le manque d’implication des hommes et se retrouvent à devoir assumer de multiples tâches dans une société où elles travaillent de plus en plus. Certains spécialistes avancent que 70% des femmes sont insatisfaites de la relation à partir du moment où arrive l’enfant dans la vie du couple. Elles sont épuisées, en veulent à leur conjoint et peuvent commencer à négliger la relation de couple. Le problème ne se pose pas sur quelques semaines, mais lorsque cela dure des années, le couple peut aller jusqu’à se demander ce qu’ils font ensemble. La relation devient plus vide de sens et décevante. Majoritairement ce sont les femmes qui souffrent d’épuisement amoureux. Et lorsqu’il y a des enfants, la séparation est difficile voire paniquante car elle implique tant de conséquences et de deuils à faire. Etre malheureux dans une relation ne veut pas dire que la personne est prête à assumer la séparation.

Vous parlez même de cécité amoureuse. Qu’est-ce que c’est ?

François Saint Père : A partir du moment où l’on se questionne pour savoir si on aime ou pas, c’est l’expression de l’affaiblissement de l’intensité amoureuse. Je parle là du désir d’être avec l’autre, de s’ennuyer lorsqu’il n’est pas là.

Que cherchons-ton exactement lors de la rencontre ou du début d’une relation de couple ?

François Saint Père : c’est variable en fonction de chacun. Avant le couple était au service de la société, il existait pour faire des enfants. Aujourd’hui, je dirais que l’on cherche l’autre pour bonifier son bien-être. Alors évidemment cette recherche met plus de pression sur la relation. Plus il y a d’attente et plus il y a de frustration et de peines. Certes nous avons augmenté les attentes, mais aussi les négociations. Avant les rôles homme/femme étaient plus circonscrits, aujourd’hui tout est à négocier. Et surtout nous avons éliminé tous les obstacles à la séparation. La séparation ne stigmatise plus comme avant. Au Québec les séparations représentent 50% des couples.

Y’a-t-il une stature à prendre au sein du couple ? Y’a-t-il un danger à être le psy de l’autre ?

François Saint Père : En fait on ne devrait pas (rire). La psychologie s’apprend par une formation rigoureuse. Faire de la psychothérapie avec son partenaire et creuser les méandres de son esprit et ce qui est à la base de son malaise est fortement déconseillé. Mais il est important de s’intéresser et d’avoir de la considération pour l’autre et l’on peut faire en sorte que sa vie soit meilleure sans pour autant devenir son thérapeute. C’est un peu un réflexe chez l’humain que de poser un diagnostic en se disant « si l’autre ne voit pas les choses de la même manière que moi, c’est qu’il a un problème. Et quel est son problème ». Et à cet instant nous ne sommes plus à l’écoute de l’autre, mais dans le jugement.

Comment peut-on s’assurer de ne pas être dans la relation thérapeutique ?

François Saint Père : Au lieu de présumer, on peut s’intéresser à l’autre par le biais de questions toutes simples. Comment il perçoit la vie ou quels sont ses besoins, ses émotions, comment peut-on améliorer sa vie ou son bien-être. Mais bien souvent on s’intéresse peu à l’autre pour ce qu’il est et l’on présume.

Avoir les mêmes centres d’intérêt et le même sens de la vie, c’est le secret de la réussite ?

François Saint Père : Non ! Le sociologue Jean-Claude Kaufmann disait que les gens qui se ressemblent d'avantage ont plus de succès. Mais je pense que lorsque l’on est trop semblable ça peut au contraire exacerber certains traits chez nous. Par exemple si une personne très économe rencontre une autre personne économe, il y a de fortes chances qu’elles ne fassent pas grand-chose dans la vie. Actuellement nous avons tendance à choisir des gens qui nous ressemblent en répondant à certains critères comme la beauté, la situation sociale ou encore l’intelligence. Il vaut mieux aller vers ce qui nous ressemble que ce qui est identique.

Dans votre livre « Burn out amoureux » On s’aperçoit, au travers d’un épisode banal celui des courses alimentaires, que l’on passe du « tout pour l’autre » au « chacun pour soi » ? Cette étape de différenciation est incontournable ?

François Saint Père : Oui, elle est incontournable pour toutes personnes en relation. Avec le temps nous ne sommes plus dans le désir continuel d’être confirmé de l’amour que l’autre nous porte. Cela laisse envisager que l’on puisse être plus soi-même. On a des comportements et l’on prend des décisions qui vont parfois déranger, agacer l’autre. Après l’euphorie on voit l’autre tel qu’il est.

Et c’est souvent une déception ?

François Saint père : Non pas nécessairement. Parfois on découvre des aspects de l’autre qui peuvent être sympathiques ou à notre avantage. Il n’y a jamais de déception si on a fait le bon choix.

On parle de compromis, qu’est-ce que ça veut dire et qu’est-ce que ça engendre au sein du couple ?

François Saint Père : Le fait de vivre à deux implique toujours des compromis. Trop de compromission peut donner le sentiment de se terrer et on a plus l’impression d’être un individu à part entière. Mais généralement les compromis ne sont pas si couteux face aux avantages que l’on tire de la relation.

Vous parlez de plusieurs modèles d’interactions dans la communication qui peuvent amener le couple à son déclin ?

François Saint Père : Oui, parmi les modèles qui ne fonctionnent pas,  il y a la confrontation. La confrontation peut mener à l’escalade jusqu’à une forme de mépris et de dénigrement. La personne peut utiliser des paroles blessantes qui vont survivre au temps. Il y a ce que l’on appelle, au Québec, du « boudin », c’est le fait d’ignorer l’autre. Hors nous ne sommes pas équipés pour supporter cette forme de rejet absolument douloureuse. On le voit chez ceux qui cherchent systématiquement à éviter certaines discutions ou confrontations. Et un autre modèle à éliminer, c’est de s’imposer à l’autre. C’est une technique d’influence dans l’intention que l’autre se fonde à notre image. Nous sommes tous un peu dans ces modèles de temps en temps.

Le dialogue c’est un art ?

François Saint Père : C’est tout un art à partir du moment où l’on doit s’intéresser à quelqu’un qui nous remet en question en tant qu’individu. Plutôt que juger et banaliser, intéressez-vous à l’autre.

Quel serait votre conseil pour mettre en place un dialogue constructif ?

François Saint père : La première des choses, c’est un travail personnel, bien se connaître soi-même et bien s’accepter. Puis la clef, c’est de s’intéresser et considérer l’autre pour ce qu’il est. C’est faire en sorte qu’il puisse s’épanouir parce que la vie à deux c’est aussi s’entraider à devenir de meilleures personnes.

Vous parlez de s’intéresser aux différences plutôt qu’aux défauts… pourtant la différence de l’autre peut vite être interprétée comme un défaut ?

François Saint Père : Et souvent elle l’est. Si je reprends mon exemple d’une personne très économe qui rencontre une autre très dépensière et qu’elle passe son temps à l’accuser d’être impulsive, de ne pas réfléchir et dépenser pour des futilités. Il va se créer une relation de conflit ou l’autre peut reprocher le manque de générosité. Alors qu’il y a peut-être un avantage dans cette différence. L’économe va peut-être découvrir des choses qu’il s’interdisait et l’autre de mesurer, par exemple, mieux l’intérêt d’une forme de sécurité financière.

Les interprétations sont aussi des dangers de la vie au quotidien ?

François Saint Père : Les interprétations deviennent négatives face au comportement de l’autre. Si nous pouvons penser que l’interprétation est une forme de bienveillance au début de la relation « cette personne pense à moi, veut mon bien », elle devient, au fil des années un aspect négatif « cette personne veut me contrôler, me manipuler, ne me laisse pas de place ». Les personnes qui sont malheureuses en couple font  bien souvent des interprétations négatives. L’interprétation va déclencher des émotions et l’état émotionnel peut contaminer la pensée. Une personne qui ne se sent pas bien aura donc tendance à plus facilement interpréter négativement.

Menacer l’autre de rupture c’est déjà en avoir envie ?

François Saint Père : Pas nécessairement. C’est peut-être un écho la détresse que l’on vit. C’est souvent un appel au secours ou un désir d’influencer l’autre.

A partir de quel moment un couple peut-il sérieusement envisager une rupture ?

François Saint Père : A partir de l’instant où l’un des deux atteint le point de non-retour. Lorsqu’il n’y a plus de sentiment amoureux, plus de motivation à améliorer une relation, on perçoit la séparation comme une voie de soulagement. C’est souvent une préparation qui dure des mois, voire des années. Celui qui a pris sa décision est souvent indifférent à toutes tentatives de rapprochement de son conjoint

On entend parfois des personnes dire qu’elles restent pour les enfants, quelles sont les conséquences de cette solution ?

François Saint père : Ils le font souvent pour s’assurer que la vie de leurs enfants sera la moins perturbée possible. D’autre le font aussi parce qu’ils sont avec un conjoint qu’il juge inadéquate à l’équilibre de leurs enfants. Dans ce cas ils ont peur de l’accès aux enfants sans leur présence quotidienne. Dans tous les cas, lorsque l’on fait ce choix il est important de bonifier son état personnel en se trouvant des projets, des loisirs et en élargissant son réseau social. Faire le deuil de sa relation de couple ce n’est pas faire le deuil de son bonheur.

Vous dites dans votre livre  que suivant les cultures le couple ne se forme pas de la même manière. L’idée du burn out du couple peut-elle être culturelle ?

François Saint Père : Dans notre société, on s’attend à ce que l’amour en couple contribue à notre bien-être personnel. Dans ce contexte, nous avons des attentes, des exigences et fatalement des déceptions. Dans certaines cultures, l’union sert à accroître la richesse de la famille. Dans ce contexte-là, on ne s’unit pas sur la base de ce que l’on ressent l’un pour l’autre mais par pression sociale. Cette pression sociale rend-t-elle nécessairement plus heureux ? J’en doute. Va-t-on rester plus longtemps avec notre partenaire à cause de cette pression sociale ? Peut-être que oui.

Il existe plusieurs formes de Burnout amoureux ?

François Saint Père : De la manière dont je le défini, non. C’est vraiment ne plus être heureux dans la relation et tout à la fois ne pas être prêt à assumer la séparation. C’est une ambivalence très douloureuse.

Vous abordez la dépression, c’est une maladie qui peut être à l’origine d’un burn out amoureux ?

François Saint Père : Le malheur dans la relation peut mener vers un état dépressif voir une dépression majeure. Parfois c’est l’inverse, la dépression peut amener à moins bien évaluer sa relation à l’autre. Les tensions sont exacerbées dans la relation et le partenaire ne nous reconnait plus.

 

Lorsque tous ces petits états de fait se sont immiscés dans le couple, comment peut-on retrouver une communication ?

François Saint Père : Absolument ! La première des choses c’est de ne pas précipiter une décision. Il est important d’abord de prendre soin de soi pour aller mieux. Souvent les gens qui sont épuisés en couple se sont perdus depuis des années. Il est primordial de prendre soin de son alimentation, de son apparence, de reprendre des activités pour soi. Puis faire savoir à son partenaire à quel point on n’est mal dans la relation mais jamais dans la menace ou la passion. Evidemment si l’autre ne considère pas ou ne prend pas au sérieux cet épuisement, c’est la séparation qui devient inévitable. Dans le cas contraire, celui qui entend et qui est prêt à modifier certains aspects de la relation ou de son comportement présente une écoute à cet épuisement. Et dans ce cas le burn out peut générer des constructions positives. C’est comme l’infidélité, c’est une crise qui fait mal mais qui permet de s’arrêter, d’observer la relation et de comprendre ce qui ne va pas dans l’objectif de l’améliorer.

Interview réalisé par Florent Lamiaux

La petite graine en plus :

« Le burn out amoureux » de François Saint Père (Editions de l’Homme)

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